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La Police de Sécurité du Quotidien : un mode opératoire visant la confiance, basé sur des principes

Dernière mise à jour : 12 juin

En 2018, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb dévoilait les contours du dispositif « Police de Sécurité du Quotidien » (PSQ). La méthode de travail que porte la PSQ répond à un objectif d’efficacité qui comporte deux facettes : d’un côté, les forces de l’ordre pourront accroître leur temps passé sur le terrain ; de l’autre côté, les attentes et perceptions de la population vis-à-vis de l’action des forces de l’ordre seront mieux prises en compte.

La réforme proposée par le Ministère de l’Intérieur entend ainsi répondre à des constats désormais récurrents :

  • Les relations entre les forces de sécurité et la population restent tendues dans certains contextes, comme l’ont illustré plusieurs épisodes au cours des derniers mois (ex : affaire Théo à Aulnay-sous-Bois, attaques de membres des forces de l’ordre) ;

  • Le sentiment d’insécurité reste particulièrement élevé dans la population. Selon un sondage réalisé en début d’année, 66% des Françaises indiquent qu’il leur arrive de se sentir en insécurité[1].

Les principes qui sous-tendent la mise en place de la PSQ sont pluriels :

  1. Redonner confiance en la police, et renforcer le respect de la police ;

  2. Ajuster l’action des forces de l’ordre aux spécificités de terrain en renforçant son intégration dans la production locale de la sécurité ;

  3. Connecter les agents au moyen d’outils numériques (tablettes, caméras piétons) ;

  4. Renforcer les moyens humains, dans des zones identifiées (quartiers de reconquête républicaine pour la police, et 20 départements pour la Gendarmerie).


Une doctrine nouvelle fondée sur une vaste concertation

Le mode opératoire de la PSQ, réglé par le Ministère de l’Intérieur à la fin de l’année 2017, résulte d’un travail de consultation initié au cours du deuxième semestre 2017, traduisant une volonté de faire remonter les informations de terrain selon une logique « bottom-up ». 70 000 réponses ont été collectées par questionnaire avant d’être analysées par l’institut de sondage OpinionWay. Parmi les principaux enseignements de cette enquête, les forces de l’ordre :

  • Ont indiqué à 74% que les tâches indues empiétaient sur leurs missions essentielles ;

  • Ont indiqué à 73% que les tâches administratives les éloignaient du terrain ;

  • Notaient en moyenne 5,6/10 la confiance que leur accordent les citoyens.

5 axes ont pu être dégagés pour bâtir la doctrine de la PSQ :

  1. Une police et une gendarmerie aux ambitions retrouvées ;

  2. Une police et une gendarmerie respectées ;

  3. Une police et une gendarmerie sur-mesure ;

  4. Une police et une gendarmerie connectées ;

  5. Une police et une gendarmerie partenariales.

La volonté de rapprocher la population et les forces de sécurité

Pour répondre au manque de reconnaissance exprimé par les forces de l’ordre, le Ministère a assuré que les sanctions pour les auteurs d’agressions contre les forces de sécurité et de secours seraient désormais effectives. Notamment, il a indiqué que les fonctionnaires seraient systématiquement soutenus en cas de mise en cause injustifiée. Cette marque de confiance affichée par l’Etat en direction de ses agents implique en contrepartie une exemplarité des forces de l’ordre. Le respect du code de déontologie, déjà existant, et l’usage proportionné de la force publique constituent en effet les fondements de relations apaisées avec la population.

La formation est également un levier majeur pour travailler au rapprochement entre la police et la population, ce qui a poussé le Ministère à revoir sa politique de formation en renforçant le travail sur :

– La connaissance de l’environnement local ;

– Les échanges avec la population ;

– Le recueil de renseignement opérationnel.

La connaissance de l’environnement local est impérative notamment pour tous les jeunes gardiens de la paix qui dans le cadre de leur première affectation vont être amenés à intervenir sur des terrains totalement nouveaux pour eux. Instaurer des modules de formation sur les modalités d’échange avec la population semble essentiel alors que de nombreux témoignages de citoyens font état de pratiques régulières du tutoiement pouvant laisser transparaître une fausse proximité voire un manque de respect.

Regagner le respect dans certains territoires passera aussi par une meilleure connaissance mutuelle. Pour se comprendre, la police et la population doivent se connaître et doivent pouvoir échanger dans d’autres conditions que celles liées à des circonstances d’intervention, qui par nature sont inamicales. Aussi, le Gouvernement entend multiplier les interventions dans les établissements scolaires et va sensibiliser au rôle des forces de l’ordre dans le cadre du Service National Universel. Cette volonté d’offrir un cadre d’échange apaisé ne concerne pas seulement les publics jeunes. Gérard Collomb a annoncé que des référents de proximité seraient nommés dans chaque commissariat et brigade en parallèle de la nomination de référent sécurité dans chaque conseil de quartier et conseil citoyen.

Sur le terrain, le dialogue sera renforcé avec les habitants à travers la généralisation de l’expérimentation des « Brigades et Groupes de contact ». Ces brigades, dont le nombre devraient atteindre 250 d’ici 2019, doivent répondre aux attentes de la population en tenant compte des spécificités locales liées aux profils de population, à la culture ou encore à la géographie. L’objectif que s’est fixé le Gouvernement de déployer a minima une brigade par département s’inscrit dans un souci plus global de ne négliger aucun territoire, en n’oubliant pas les plus reculés.


Les ambitions de changement portées par la PSQ s’appuient donc sur des évolutions multiples, touchant à la culture des forces de l’ordre, aux moyens humains, aux outils numériques, aux modes de coopération, aux sanctions liées à leur non-respect par les usagers. Reste à souhaiter que la démarche expérimentale engagée donne lieu à des travaux de bilans, qui permettront de mesurer la qualité (la confiance, la légitimité) de l’action des forces de l’ordre sur le territoire, en s’appuyant sur les perceptions réciproques des agents, et de la population.

[1] Sondage Odoxa – Janvier 2018

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